Après une interruption de trois ans due à la pandémie, la troisième très attendue Journée d’arbitrage de la CCI au Koweït a eu lieu au cœur du Koweït dans le bâtiment Burj Al Shaya le 5 octobre 2023, organisée par la CCI en collaboration avec Al Tamimi & Company. . Suite au succès de la conférence inaugurale de la Journée de l’arbitrage de la CCI au Koweït en 2018, évoquée dans ce billet de blog précédent, et de la deuxième conférence en 2020, la troisième Journée de l’arbitrage de la CCI au Koweït a réuni des sommités juridiques et des experts de toute la région pour discuter et partager leurs points de vue et un aperçu des questions touchant au paysage de l’arbitrage au Koweït et dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (« MENA »).
Mots de bienvenue et d’ouverture
L’événement a débuté par un accueil chaleureux de Khushboo Shahdadpuri (Al Tamimi & Company), qui a parlé de la nécessité pour la communauté de l’arbitrage et les parties prenantes de la région MENA de se réunir pour collaborer et progresser collectivement. Shahdadpuri a également évoqué la résilience et le dynamisme de la communauté de l’arbitrage koweïtien dans l’évaluation des étapes nécessaires pour faire progresser le paysage de l’arbitrage du Koweït. Ses remarques de bienvenue ont donné le ton d’une journée remplie de discussions significatives et d’échanges de connaissances entre experts juridiques.
Après le discours de bienvenue de Shahdadpuri, Essam Al Tamimi (Al Tamimi & Company) est monté sur scène pour prononcer une première série de remarques liminaires. Ses remarques perspicaces ont non seulement souligné l’importance de la conférence, mais ont également abordé l’avenir de l’arbitrage au Koweït. En particulier, le discours d’Al Tamimi a souligné l’engagement à promouvoir l’arbitrage comme moyen efficace de résolution des différends dans la région du Golfe. Il souligne le rôle essentiel que joue l’arbitrage pour favoriser la croissance économique, maintenir la confiance des investisseurs et garantir un mécanisme juste et impartial de règlement des différends. Al Tamimi a également souligné la nécessité d’une collaboration continue entre les professionnels du droit, les institutions et les gouvernements pour créer un environnement plus favorable à l’arbitrage au Koweït. Cet environnement, selon Al Tamimi, devrait être caractérisé par des procédures efficaces, des processus transparents et des cadres juridiques solides.
Faisant suite à Al Tamimi, le Dr Anas Al Tourah, secrétaire général du Centre d’arbitrage commercial de la Chambre de commerce et d’industrie du Koweït, est monté sur scène pour prononcer une deuxième série de remarques liminaires. Le Dr Al Tourah a commenté les discussions en cours pour faire progresser le paysage de l’arbitrage au Koweït et l’importance de sélectionner le régime le plus approprié pour le Koweït.
Le décor était ensuite planté pour une journée de discussions approfondies sur les dispositions d’arbitrage au Koweït, la compétence des tribunaux arbitraux, l’obtention de mesures provisoires/précautionnelles, ainsi que l’exécution et la contestation des sentences arbitrales. Des professionnels du droit de divers pays se sont réunis pour partager leur expertise et leurs idées, faisant de cette conférence une plateforme remarquable pour faire progresser le domaine de l’arbitrage dans la région MENA.
Discours d’ouverture de Mohamed Shelbaya
Mohamed Shelbaya (Gaillard Banifatemi Shelbaya Disputes) a présenté un discours d’ouverture stimulant dans lequel il a évoqué quatre défis distincts auxquels est confronté le système d’arbitrage international : (1) la concurrence entre les mécanismes d’arbitrage commercial et d’investissement ; (2) les sanctions unilatérales et leur interface avec l’arbitrage ; (3) application inappropriée des lois nationales ; et (4) la concurrence entre les tribunaux nationaux et l’arbitrage. Shelbaya a expliqué chacun de ces défis avec des jurisprudences et des exemples du point de vue du Koweït. Il a ensuite souligné les solutions possibles à chacun de ces défis et a conclu sur l’importance de maintenir l’intégrité et l’impartialité de l’arbitrage tout en s’adaptant à la dynamique changeante du commerce international.
Discussions de groupe
Le premier panel de la journée s’est déroulé en arabe. Ce panel s’est penché sur les dispositions d’arbitrage au Koweït, offrant un aperçu complet du paysage actuel et des perspectives comparatives de la région. Le Dr Aseel Zimmo (pouvoir judiciaire de Bahreïn), le Dr Al Tourah, le Dr Moosa Al Azri (Centre d’arbitrage commercial d’Oman) et Claudia Fares El Hague (Bureau juridique Al Marri & El Hage) faisaient partie de ce panel pour discuter des subtilités de l’arbitrage au Koweït et dans ses pays voisins comme Oman, Bahreïn et le Qatar, entre autres. Le panel a examiné les cadres juridiques, les défis et les opportunités d’arbitrage dans la région, tout en mettant en lumière l’évolution du paysage.
Le panel s’est terminé par de nombreuses questions et commentaires de la part du public engagé qui a commenté la nécessité d’une formation continue et d’un enseignement en arbitrage pour garantir que les praticiens restent à l’avant-garde des meilleures pratiques mondiales. Des questions ont également été soulevées sur le rôle du Koweït dans l’élaboration de l’avenir de l’arbitrage au Moyen-Orient, sur la manière dont le pays pourrait servir de plaque tournante pour les différends régionaux et sur le meilleur modèle d’arbitrage que le Koweït pourrait adopter.
Le deuxième panel, mené en anglais, a exploré l’ambition de la compétence des tribunaux arbitraux sur des litiges interdépendants et les perspectives dans lesquelles les tribunaux nationaux revendiquent leur compétence malgré la présence de conventions d’arbitrage. D’éminents praticiens de l’arbitrage tels que Aysha Mutaywea (MENA Chambers), Susie Abdel-Nabi (Clyde & Co), Antonia Birt (Reed Smith) et le Dr Yassin ElShazly (Al-Feshawi & El-Shazly) ont fourni des informations précieuses sur les subtilités de l’arbitrage. la compétence du tribunal, mettant en lumière les cas où les tribunaux nationaux de la région ont décidé qu’ils étaient compétents pour connaître des litiges faisant l’objet de conventions d’arbitrage. Modérés par Shahdadpuri, les panélistes ont également exploré des décisions nouvelles et notables rendues par les tribunaux de Dubaï, notamment une décision dans laquelle les tribunaux ont annulé une décision du tribunal arbitral et ont estimé qu’un arbitrage initié en vertu de six accords distincts pouvait être consolidé dans le cadre du précédent arbitrage international de Dubaï. Center (« DIAC ») 2017, même si ces règles ne contenaient aucune disposition explicite de consolidation. Des études de cas provenant des Émirats arabes unis ont également illustré des situations dans lesquelles les tribunaux ont affirmé leur compétence même face aux conventions d’arbitrage existantes. La discussion a également intégré divers points de vue régionaux provenant d’autres juridictions de la région, telles que Bahreïn, le Royaume d’Arabie saoudite et le Qatar. La tristement célèbre décision rendue par la Cour de cassation égyptienne dans l’affaire Damietta International Ports Company (DIPCO)où une décision de la CCI de 490 millions de dollars a été réservée pour des raisons de politique publique, a également été étudiée.
En guise de remarques finales lors de ce panel, les intervenants ont chacun fourni un point clé à retenir pour garantir une résolution efficace des différends et éviter toute contestation des différends soumis à une clause d’arbitrage. Les intervenants ont réitéré l’importance de la clarté des clauses contractuelles pour éviter les dilemmes juridictionnels et la nécessité d’une approche collaborative et coopérative entre les tribunaux arbitraux et les tribunaux nationaux.
Après la pause déjeuner, la conférence s’est poursuivie avec le troisième panel en anglais. Modéré par Shahdadpuri, les éminents orateurs de ce panel comprenaient Saad Hegazy (Resolve International), Fatima Balfaqeeh (RKAH Legal Consultancy), Brandon Malone (Arbitra International) et Karam Farah (ICC) qui ont abordé les aspects pratiques de l’obtention de mesures provisoires ou conservatoires. les tribunaux nationaux dans les arbitrages en matière de construction et ont exploré les différences dans la demande de ces mesures aux tribunaux arbitraux par rapport aux tribunaux nationaux. Hegazy a lancé la table ronde en résumant les différents types de mesures provisoires que les parties demandent habituellement dans les conflits de construction et Malone a donné un aperçu de certains des facteurs clés qui font partie du processus décisionnel d’un arbitre lorsqu’il décide des sentences provisoires. Farah a fourni une perspective précieuse sur le succès des mesures provisoires dans les arbitrages de la CCI. Développant l’article 28 du Règlement de la CPI, Farah a souligné que des mesures provisoires ne sont accordées qu’en cas de menace de préjudice irréparable. Il a souligné que le préjudice devrait être tel qu’aucune réparation alternative, y compris une compensation monétaire, ne suffirait à y remédier. Un autre point clé soulevé par Farah était la possibilité pour le tribunal arbitral de subordonner les mesures provisoires à la fourniture d’une sécurité adéquate par la partie requérante. Balfaqeeh a ensuite présenté une analyse approfondie du seuil des mesures provisoires, en particulier en vertu de la loi sur l’arbitrage des Émirats arabes unis. Elle a souligné les dispositions spécifiques en vertu desquelles des mesures provisoires ou conservatoires peuvent être accordées par les tribunaux, soit à la demande d’une partie, soit à la demande du tribunal arbitral. Balfaqeeh a également évoqué le processus d’application rationalisé, garantissant la mise en œuvre de ces mesures dans les 15 jours, comme le stipule la loi sur l’arbitrage des Émirats arabes unis. Le panel a conclu que même si ces mesures sont essentielles pour protéger les intérêts des partis, elles sont difficiles à obtenir en raison des critères stricts des règles institutionnelles et des lois nationales.
Le dernier et quatrième panel de la journée, mené en arabe, a exploré les subtilités de l’application et de la contestation des sentences arbitrales étrangères et nationales au Koweït. Des intervenants notables de ce panel, dont le Dr Ahmed Ali Al-Kudair (Université du Koweït), le Dr Sharaf Alsharaf (Université du Koweït) et le Dr Mohamed Samer Amr (Cabinet d’avocats Amr & Partners), ont examiné de plus près les décisions récentes en ce domaine. Le panel a discuté de l’évolution du paysage juridique du Koweït et des défis rencontrés par les sentences dans l’exécution et la contestation des sentences arbitrales nationales et étrangères au Koweït, avec des perspectives comparatives d’autres juridictions de la région telles que l’Égypte.
La conférence s’est terminée par un résumé concis des discussions par Hend Al Mehairi (Al Tamimi & Company), où elle a discuté des principaux points à retenir de chacun des quatre panels et a remercié tout le monde d’avoir participé à la troisième Journée d’arbitrage de la CCI au Koweït.
Conclusion et points à retenir
Tout au long de la troisième journée d’arbitrage de la CCI au Koweït, il y a eu un bourdonnement indubitable d’engagement de la part des participants. La parole était fréquemment ouverte au public, ce qui a donné lieu à une avalanche de commentaires, d’idées et de questions complémentaires qui ont transformé les sessions en dialogues dynamiques. Plusieurs participants ont exprimé leurs inquiétudes quant à la longueur du processus d’arbitrage et ont demandé conseil sur la manière de rationaliser les procédures sans compromettre l’équité et l’exhaustivité.
La troisième Journée de l’arbitrage ICC au Koweït a servi de plate-forme importante pour l’échange d’idées et de points de vue entre experts juridiques dans le domaine de l’arbitrage. De l’exploration des dispositions d’arbitrage actuelles au Koweït à l’analyse des défis liés à l’exécution des sentences arbitrales, la conférence a couvert un large éventail de sujets essentiels à la croissance et au développement de l’arbitrage dans la région.
À la fin de la conférence, il est devenu évident que le Koweït et l’ensemble du Moyen-Orient sont déterminés à favoriser un environnement favorable à l’arbitrage, reconnaissant son rôle crucial dans la résolution efficace et équitable des différends internationaux. Avec des discussions en arabe et en anglais, la conférence a illustré une approche diversifiée et inclusive pour relever les défis et les opportunités dans le domaine de l’arbitrage.