Le dernier numéro de la Revue européenne de droit international sera publié la semaine prochaine. Au cours des prochains jours, nous publierons un certain nombre d’articles décrivant le contenu de ce numéro.
Voici la table des matières de ce nouveau numéro, ainsi que les résumés :
Éditorial
Dans ce problème; Dans ce numéro – Critiques ; Le ChatGPT humain – L’utilisation et l’abus des assistants de recherche ; Professeur Francesco Francioni (1942 – 2024) ; Statistiques de l’état civil
Avant-propos
Karen Knop, Regarder des portraits
Des articles
Luiza Leão Soares Pereira et Fabio Costa Morosini, Les manuels scolaires comme marqueurs et créateurs du droit international : une étude de cas brésilienne
Arthur SimonianLes juristes internationaux en Eurasie post-soviétique : décoder la divisibilité
Andrew Lang« Désordre mondial » : pratiques de réflexivité dans la gouvernance économique mondiale
EJIL : Débat !
Emmanuel Castellarin, L’imitation est-elle vraiment flottante ? Les accords de continuité commerciale du Royaume-Uni : réponse à Joris Larik
Frais d’itinérance
Moments de dignité : deuil
Examen critique de la jurisprudence
Fleur van LeeuwenAngles morts épistémiques, idées fausses et stéréotypes : la jurisprudence sur la naissance à domicile de la Cour européenne des droits de l’homme
Ben Czapnik, Tests de cohérence dans le droit de l’OMC et cas particulier de la régulation morale
Le coin de la ESIL
Jean d’Aspremont, Équité et caractère suranné des débats juridiques internationaux en Europe
Federica Cristani, « Le droit international est-il juste ? Le droit international est-il juste ? » : quelques remarques de la conférence ESIL 2023 à Aix-en-Provence
Réviser les essais
Alan Tzvika Nissel, Le rebelle d’un État est l’agent d’un autre État. Examen de Catherine Greenman. Responsabilité de l’État et rebelles : l’histoire et l’héritage de la protection des investissements contre la révolution
Rebecca Mignot Mahdavi, Anti-solutionnisme et anti-formalisme dans les études sur la gouvernance algorithmique mondiale. Examen de Claudia Aradau et Tobias Blanke. Raison algorithmique : le nouveau gouvernement de soi et des autres
Les critiques de livres
Mélanie O’Brien, Examen de Melinda Rankin. De facto Les procureurs internationaux à l’ère de la mondialisation : de mes propres yeux
Anne Saab, Examen de Matias E. Margulis, Négociateurs fantômes : Comment les organisations des Nations Unies façonnent les règles du commerce mondial pour la sécurité alimentaire
Jan Klabbers, Examen de Swati Srivastava. La souveraineté hybride dans la politique mondiale
Serena Forlati, Examen de Freya Baetens (éd.), Identité et diversité sur la scène internationale. Qui est le juge ?
Dernière page
Rabindranath Tagore, Gitanjali 92
RÉSUMÉS
Luiza Leão Soares Pereira et Fabio Costa Morosini, Les manuels scolaires comme marqueurs et créateurs du droit international : une étude de cas brésilienne
Cet article remet en question les visions conventionnelles selon lesquelles les manuels de droit international sont de simples outils pédagogiques et les explore en tant que sites puissants pour façonner les connaissances et la discipline. En nous appuyant sur des méthodes empiriques et une théorie critique, nous analysons les 10 principaux manuels de droit international utilisés au Brésil et menons des entretiens avec leurs auteurs pour éclairer la complexité des manuels et leur potentiel pour façonner la discipline et la profession. Il explore la tension entre la structure du droit international telle que décrite dans les manuels et l’action de leurs auteurs, en étudiant l’identité et les antécédents des auteurs. Le Brésil constitue une étude de cas intéressante en raison de ses nombreux manuels de droit international et de leur utilisation généralisée. Nos résultats indiquent une approche universaliste prédominante dans les manuels brésiliens et leur lien avec la tradition française du droit international. En outre, l’étude met en lumière le « collège invisible » brésilien des juristes internationaux, révélant les disparités entre les sexes et les races, ainsi que les centralités institutionnelles. Il révèle également des omissions cruciales dans les manuels scolaires, telles que la relation entre le droit international et le colonialisme, l’esclavage, la race, le genre et les inégalités économiques. Dans l’ensemble, cette étude offre une compréhension globale du droit international en tant que domaine au Brésil et fournit un cadre méthodologique précieux pour les recherches futures sur le rôle des manuels dans l’élaboration de la discipline.
Arthur SimonianLes juristes internationaux en Eurasie post-soviétique : décoder la divisibilité
Cet article examine la communauté épistémique des juristes internationaux eurasiens post-soviétiques qui interagissent, publient, enseignent et pratiquent le droit international, principalement en Russie et en russe, formant ainsi un collège divisible centré sur la Russie. En décodant le groupe inconnu, l’article présente ses caractéristiques déterminantes, notamment le lien entre l’appartenance à une communauté épistémique centrée sur la Russie et le comportement potentiel de ses membres en tant que Russversteher (apologiste de la Russie). En analysant la manière dont les juristes internationaux post-soviétiques eurasiens agissent au sein de différents arrangements sociaux (formation juridique, publications universitaires et pratique du droit), l’article montre comment et dans quelle mesure cette divisibilité est symbolisée dans leur action politique.
Andrew Lang« Désordre mondial » : pratiques de réflexivité dans la gouvernance économique mondiale
Dans cet article, je propose une réinterprétation des transformations « néolibérales » de la gouvernance économique mondiale de la fin du XXe siècle. Mon argument argumentatif est une interprétation macro-institutionnelle de la période post-1980 dans laquelle le néolibéralisme apparaît comme une forme institutionnelle programmatique et une formation disciplinaire. Je soutiens qu’une deuxième dynamique, complémentaire, doit également être prise en compte – à savoir l’émergence et l’opérationnalisation d’un ensemble de technologies critiques pour intégrer les pratiques de réflexivité au sein de l’État. Je suggère en outre que l’attention portée à cette dimension de la néolibéralisation offre une nouvelle perspective sur le présent. Je propose une interprétation du moment de transition actuel comme celui dans lequel un répertoire similaire de techniques néolibérales de réflexivisation est, dans une deuxième itération, formé sur l’architecture de la gouvernance économique mondiale elle-même.
EJIL : Débat !
Emmanuel Castellarin, L’imitation est-elle vraiment flottante ? Les accords de continuité commerciale du Royaume-Uni : réponse à Joris Larik
L’évaluation du programme de continuité commerciale du Royaume-Uni est sujette à débat. Joris Larik estime que ce programme doit être considéré comme un succès à la fois pour le Royaume-Uni (bien que « modeste ») et pour l’Union européenne (UE). Il ne faut cependant pas surestimer l’importance des accords de continuité commerciale du Royaume-Uni, dans la mesure où la réplication des accords commerciaux de l’UE semble résulter avant tout de considérations pragmatiques. Ce programme ne peut pas être qualifié de succès pour le Royaume-Uni et ne permet que de tirer des conclusions limitées sur l’influence extérieure de la politique commerciale de l’UE.
Fleur van LeeuwenAngles morts épistémiques, idées fausses et stéréotypes : la jurisprudence sur la naissance à domicile de la Cour européenne des droits de l’homme
Cet article propose une lecture féministe critique de la jurisprudence sur l’accouchement à domicile de la Cour européenne des droits de l’homme. L’objectif est de mettre en lumière la sensibilité au genre de la Cour dans son raisonnement juridique et sa production de connaissances. Depuis sa première décision sur la licéité d’une interdiction générale de facto des accouchements à domicile dans le cas de Ternovszky c. Hongrie en 2010, la Cour a rendu cinq arrêts en la matière, dont une décision de Grande Chambre dans l’affaire Dubska et Krejzova c. République tchèque. L’auteur estime que la Cour applique un récit obstétrical ouvertement restrictif de l’accouchement sans en situer le fondement épistémique controversé. Ce faisant, la Cour renforce un raisonnement lié à la perte de pouvoir d’action et à l’impuissance des personnes lors de l’accouchement et reproduit des stéréotypes néfastes. L’article met en évidence les biais dans la formation et la (re)production des connaissances au sein de la Cour dans le traitement des cas d’accouchement à domicile. Les conclusions de cet article s’ajoutent aux enquêtes féministes sur les décisions internationales en matière de droits de l’homme, en particulier en ce qui concerne la formation des connaissances, la production de connaissances et les stéréotypes, ainsi qu’à la littérature sur la sensibilité au genre de la Cour.
Ben Czapnik, Test de cohérence dans le droit de l’OMC et cas particulier de la régulation morale
Il existe un débat au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sur la question de savoir si le droit de réglementer à des fins d’intérêt public est conditionné à l’obligation de le faire de manière cohérente. Même si la première jurisprudence de l’Organe d’appel (AB) évitait de tester la cohérence dans le cadre du critère juridique formel, elle s’abstenait de rejeter explicitement cette pratique. Les décisions ultérieures de l’AB ont apparemment adopté un type restreint de test de cohérence à travers la doctrine des « distinctions réglementaires légitimes ». On pourrait également faire valoir que les tribunaux de l’OMC procèdent parfois à des tests de cohérence au titre de l’article XX de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce, bien que cela ne soit pas explicitement reconnu ni universellement reconnu. Dans l’affaire Phoques, le Canada a explicitement attaqué l’interdiction des produits dérivés du phoque imposée par l’Union européenne (UE) pour son manque de cohérence avec les cadres plus larges de l’UE en matière de bien-être animal. Ce différend a fourni à l’Organe d’appel une opportunité – voire une obligation – d’établir une doctrine claire sur les tests de cohérence. Cet article soutient que l’Organe d’appel s’est soustrait à son devoir en utilisant des techniques de raisonnement qui ont évité de s’intéresser de manière significative au fond de l’argument du Canada. L’AB n’a pas véritablement rejeté les tests de cohérence, mais ses opinions précises sont difficiles à recueillir en raison d’un raisonnement opaque, confus, voire contradictoire. Cet article soutient qu’il existe des arguments convaincants en faveur d’un test de cohérence, au moins dans certains litiges de « moralité publique », et que l’AB devrait fournir des orientations plus claires.