Voilà un tout nouvel éditorial qui va allonger notre revue de presse sur « la justice ».
Son titre (accusée de maltraitances sur un bébé, une nounou devant le tribunal) est évocateur.
L’écrivain (présenté sous le nom d’anonymat
) est reconnu comme quelqu’un de sérieux.
Cet éditorial peut de ce fait être pris au sérieux.
L’article a été divulgué à une date mentionnée 2023-07-05 00:30:00.
Soudain, la voix affolée d’une femme brise le silence de la salle d’audience. « Mon bébé fait un malaise, elle est amorphe, le corps pendant. Elle respire mais ses yeux partent en arrière, elle a comme des convulsions. On dirait qu’elle lâche, venez vite », supplie-t-elle. Mercredi 28 juin, lors du procès d’une ancienne assistante maternelle poursuivie devant le tribunal correctionnel de Bordeaux pour des violences sur une petite fille de 14 semaines, en 2019, l’enregistrement de l’appel aux secours passé…
Soudain, la voix affolée d’une femme brise le silence de la salle d’audience. « Mon bébé fait un malaise, elle est amorphe, le corps pendant. Elle respire mais ses yeux partent en arrière, elle a comme des convulsions. On dirait qu’elle lâche, venez vite », supplie-t-elle. Mercredi 28 juin, lors du procès d’une ancienne assistante maternelle poursuivie devant le tribunal correctionnel de Bordeaux pour des violences sur une petite fille de 14 semaines, en 2019, l’enregistrement de l’appel aux secours passé par l’une des mères du bébé, a été diffusé. Droite, les bras croisés contre la poitrine, de larges lunettes lui mangeant le visage, la prévenue n’a pas vacillé.
Depuis le début, cette Bordelaise de 41 ans, reconvertie dans la coiffure, conteste fermement les faits qui lui sont reprochés. « J’ai appris que la petite va mieux, j’en suis heureuse. Mais j’ai l’impression d’être dans un film où tout est contre moi, alors que je n’ai rien fait. C’est hyper compliqué de démontrer son innocence quand tout est contre vous », sont ses premiers mots face à ses juges.
Syndrome du bébé secoué
En cette fin d’été 2019, Clémentine (1), « bébé très attendu » par ses deux mamans qui élèvent déjà un petit garçon, est confiée à une nounou, en journée. Deux semaines après son arrivée, une première alerte intervient : juste après avoir été récupérée chez sa nourrice par l’une de ses mères, la petite se met à vomir. Elle est vue par un médecin qui ne détecte rien d’alarmant. Trois jours plus tard, Clémentine retrouve sa nounou. Le soir, elle revomit et semble amorphe. Un virus ? Une prise de sang ne permet pas d’y voir plus clair. Troisième alerte, le 30 septembre : encore une fois, le bébé vomit en quittant sa nourrice. Tout s’accélère le lendemain.
Vers 13 heures, la nounou téléphone, paniquée, à l’une des parentes. La petite a refusé son biberon, est très pâle et a les yeux révulsés. La suite, c’est l’appel aux pompiers, un transport en urgence en pédiatrie et le verdict des médecins : ils diagnostiquent des lésions au cerveau liées à un syndrome du bébé secoué. Ces conclusions seront confirmées, quatre ans plus tard, par une nouvelle expertise médicale ordonnée après une première audience devant le tribunal correctionnel.
La nounou est-elle l’auteure de violences ? L’analyse de son téléphone a révélé une recherche sur Internet sur le syndrome du bébé secoué, le jour de l’hospitalisation de la petite, plusieurs heures avant le diagnostic. « Je n’ai fait qu’écrire les symptômes qu’elle présentait. Dans la page des résultats, cette proposition est apparue », se défend-elle. Une expertise plus poussée de son téléphone n’a pu être effectuée.
Des éléments troublants
D’autres éléments troublants sont soulevés par le conseil des parties civiles, Me Marie Rémy. Telle une évaluation des services de la protection maternelle et infantile (PMI), en 2017. La nourrice y est apparue « nerveuse », « impulsive », « manquant de souplesse, d’un côté maternant, doux ou enveloppant ». Malgré des réserves, elle obtient un agrément pour garder un quatrième enfant. « Scandaleux ! », s’étrangle l’avocate qui s’étonne qu’une information judiciaire n’ait pas été ouverte dans cette affaire. Il y a aussi des témoignages négatifs de parents et de nombreux contrats courts. « Certains sont des remplacements, pour d’autres je ne m’entendais pas avec les parents », répond l’ex-nounou.
Elle reste de marbre quand les mères de Clémentine déposent à la barre. La fillette a désormais 4 ans et ne semble pas souffrir de séquelles. « Pour l’instant, tout va bien. Mais nous scrutons chaque période de son développement. C’est une alerte permanente. »
Pour le ministère public, la culpabilité de l’ex-assistante maternelle est établie. Trois ans de prison, dont un an ferme, sont requis. Mais pour la défense, le doute est omniprésent et doit profiter à la prévenue. « Cette affaire a été polluée par une enquête à charge et une expertise médicale biaisée, estime Me Coste, plaidant la relaxe. L’expert s’est appuyé sur l’enquête et sur des recommandations de la Haute autorité de santé qu’il a lui-même en partie rédigées. » Décision le 12 juillet.
(1) Le prénom a été modifié
A lire:
Appel à la justice de l’État/Seconde lettre à milord Sidney,Ouvrage . A emprunter en bibliothèque.
Le petit juge,Ouvrage .
Photographie/Personnalités/M/Félix-Jacques Antoine Moulin,A voir et à lire. .