Voilà un papier que nous sommes heureux de diffuser ici sur notre site. Le sujet est « la justice ».
Le titre séduisant (un tribunal administratif donne un coup de frein au mégaprojet) en dit long.
Présenté sous la signature «d’anonymat
», l’éditorialiste est positivement connu.
Il n’y a aucune raison de ne pas croire de la fiabilité de ces révélations.
L’encart a été publié à une date mentionnée 2024-02-18 11:35:00.
Annoncé en 2011, le »projet fou » du « Kanal Istanbul », rêve du président Erdoğan, pour reprendre son propre qualificatif, devait être réalisé en 2023 pour le 100ème anniversaire de la République et ainsi ouvrir une nouvelle page dans le développement de la Turquie. Treize ans plus tard, ce projet herculéen reste essentiellement à l’état de plan et vient de subir une nouvelle déconvenue par un jugement du 11ème tribunal administratif d’Istanbul rendu public vendredi 13 février.
Un projet herculéen
Le grand projet de »Kanal Istanbul », devant surpasser le canal de Suez et celui de Panama, ambitionne de relier la mer Noire à la mer de Marmara en creusant un canal de 45 kilomètres de long, 275 mètres de large et 20 mètres de profondeur. L’objectif annoncé est de permettre de faire transiter des navires de gros gabarit, de désencombrer le détroit du Bosphore, mais également de réduire les risques d’accidents liés aux collisions et au transport de marchandises dangereuses.
Il s’accompagne par ailleurs d’un grand plan de développement urbain comprenant des zones d’habitation et de bureaux sur les rives du futur canal et plusieurs ponts qui viendraient l’enjamber, mais aussi différentes marinas et ports à conteneurs, à Küçükçekmece et vers la mer de Marmara.
Un coût tout aussi colossal
Réalisation parmi les plus coûteuses envisagées par la Turquie, le budget pour le creusement du canal a été estimé dans un premier temps à environ 15 milliards de dollars. Un coût difficile à assumer compte tenu de la situation actuelle de l’économie turque qui ne parvient pas à endiguer une inflation galopante, et de la dépréciation corrélative de la monnaie, conditions peu favorables à la confiance des investisseurs.
À la différence du Bosphore (régi par la convention internationale de Montreux de 1936 relative au régime des détroits) dont le franchissement ne génère pas de coût particulier si ce n’est le coût facultatif des services d’un pilote, le franchissement du « Kanal Istanbul » sera facturé et devra ainsi contribuer à son financement. Mais le projet s’inscrit dans un contexte où le transit par le Bosphore est déjà en diminution, notamment en raison des constructions de pipeline et de la diminution de la dépendance aux hydrocarbures.
Turquie : polémique sur la Convention de Montreux et « Kanal Istanbul »
Des risques environnementaux non négligeables
Si le gouvernement assure s’appuyer sur des études techniques, sur le plan environnemental, le projet suscite les plus vives inquiétudes notamment en raison de la modification des courants marins qu’il va engendrer. Il en résulterait une attraction des eaux très polluées, faibles en oxygène et plus salées, de la mer Noire vers la mer de Marmara, dont l’écosystème serait alors brutalement modifié mettant en danger les espèces animales et végétales qui y vivent.
D’autre part, le projet impacterait également l’approvisionnement en eau de la mégalopole d’Istanbul. Il existe en effet un risque non négligeable de salinisation des sources d’alimentation en eau environnantes d’autant plus que l’alimentation d’Istanbul en eau potable est largement dépendante des nappes sources et rivières de la zone et ce dans un contexte global où la ressource en eau douce tend à se raréfier et où l’alimentation d’Istanbul est régulièrement en tension.
Un projet au point mort et fortement contesté
A ce jour, seuls les piliers d’un des ponts, inaugurés en juin 2021 par le Président Erdoğan, concrétisent l’avancement du projet. Celui-ci fait en revanche l’objet de divers recours juridictionnels.
Vendredi 13 février, le maire d’Istanbul Ekrem İmamoğlu, qui s’oppose résolument à la réalisation de ce canal, a ainsi rendu public un jugement du 11ème tribunal administratif d’Istanbul qui, à la suite d’un recours introduit par la municipalité d’Istanbul, a annulé la première phase du plan de développement du projet, pourtant approuvée par le gouvernement en juillet 2021. Le tribunal administratif a effet jugé que le plan de développement présenté par le gouvernement n’était pas conforme aux exigences du droit turc applicables en matière de planification urbaine.
D’autres recours sont par ailleurs en examen devant différentes juridictions administratives, notamment un recours devant le Conseil d’Etat mettant en cause l’évaluation de l’impact environnemental du projet.
Un long chemin reste donc encore à parcourir pour la concrétisation de ce »projet fou et magnifique » annoncé en 2011…
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