Droit international des investissements
Fabian Eichberger revient sur la décision récente du tribunal dans le litige d’investissement Seda c. Colombie. C’était la première fois qu’un tribunal d’investissement confirmait le caractère auto-jugé d’un accord d’investissement et rejetait une plainte dans son intégralité sur la base d’une exception de sécurité. L’affaire concernait la saisie par les autorités colombiennes d’un bien immobilier de luxe lié au crime organisé, ce qui, selon le demandeur, constituait une expropriation illégale en vertu de l’accord de promotion commerciale Colombie-États-Unis (TPA). La Colombie a invoqué l’exception des intérêts de sécurité essentiels du TPA, affirmant que le tribunal n’avait pas compétence pour examiner la mesure. Bien que le tribunal ait reconnu la clause d’auto-jugement, il a procédé à un examen de bonne foi « léger », a jugé les actions de la Colombie plausibles et a rejeté la plainte. Eichberger soutient que l’importance durable réside dans le fait que le tribunal procède à un examen quelconque, malgré le caractère « d’auto-jugement renforcé » de la disposition. Lire l’article complet ici.
Droit pénal international
Dans son message, Œuvrer pour la justice : la participation des victimes à la Cour pénale internationale (CPI)Leila Ullrich soutient que la participation des victimes à la justice pénale internationale doit être considérée comme une forme de travail plutôt que comme un droit légal ou une mesure réparatrice. Elle souligne que les victimes, souvent issues de communautés marginalisées du Sud global, effectuent un travail non rémunéré important qui est essentiel à la légitimité et au fonctionnement de la CPI. S’appuyant sur les concepts marxistes-féministes de reproduction sociale, Ullrich souligne que, tout comme le travail domestique, ce travail reste invisible et sous-estimé. Elle se demande si les victimes doivent être rémunérées pour leur travail et conteste la dépendance du système judiciaire à l’égard de ce travail non rémunéré, qui affecte de manière disproportionnée les groupes marginalisés, sexistes et racialisés. Lire l’article complet ici.
Daniel Bertram examine la récente proposition de Vanuatu, des Fidji et des Samoa visant à amender le Statut de Rome pour y inclure l’« écocide » comme crime international. M. Bertram souligne que cette proposition marque un tournant dans le débat de longue date sur la criminalisation des destructions environnementales graves. Bien que le succès de l’amendement ne soit pas garanti, cette initiative témoigne d’un élan croissant en faveur de la reconnaissance des dommages environnementaux par la CPI, en particulier parmi les nations insulaires du Pacifique déjà confrontées au changement climatique. M. Bertram suggère que les amendements relatifs à l’écocide soulèvent des inquiétudes plus larges quant à la capacité du droit pénal international à évoluer en réponse aux défis mondiaux. Lire l’article complet ici.
Droits de l’homme
Sarthak Gupta critique la décision de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) d’avril 2024 MikyaGupta a confirmé l’interdiction des symboles religieux visibles dans les écoles flamandes en Belgique. Il soutient que la décision, bien que visant tous les symboles religieux, affecte de manière disproportionnée les femmes musulmanes qui portent le foulard. Gupta affirme que la Cour n’a pas abordé les questions de discrimination indirecte et d’intersectionnalité, négligeant le droit à l’éducation et renforçant les inégalités systémiques sous couvert de neutralité de l’État. Lire l’article complet ici.
Cour internationale de Justice
Moritz Rhades répond à l’analyse de Nicholas Tsagourias sur l’avis consultatif de la CIJ sur les pratiques d’Israël dans le territoire palestinien occupé. Alors que Tsagourias soutient que la CIJ aurait dû rejeter la demande de l’Assemblée générale des Nations Unies en raison de faits insuffisants et du non-consentement d’Israël, Rhades rétorque que la CIJ a correctement exercé sa fonction consultative. Il souligne que la CIJ n’est pas liée par le consentement des États et qu’elle a pour mandat de traiter des questions juridiques plus larges, telles que les obligations erga omnes, soutenant ainsi un cadre juridique multilatéral inclusif. Lire l’article complet ici.
Droit international et acteurs non étatiques
Akira Kato examine la résolution 2728 (2024) du Conseil de sécurité de l’ONU concernant la question palestinienne, en particulier son applicabilité aux acteurs non étatiques comme le Hamas. Kato se demande si la résolution, qui exige un cessez-le-feu de toutes les parties, peut juridiquement lier les acteurs non étatiques. Il conclut que si la résolution est contraignante pour les acteurs étatiques comme Israël, elle n’a pas le même poids juridique pour les acteurs non étatiques comme le Hamas, soulignant les complexités politiques en jeu. Lire l’article complet ici.
Cyberdroit
Aude Géry examine l’évolution de la position française sur la souveraineté dans le cyberespace. Au départ, la France semblait adhérer à l’idée que toute atteinte à la souveraineté dans le cyberespace constituait une violation de souveraineté. Cependant, son Manuel de droit militaire de la guerre de 2022 introduit une nuance, suggérant que toutes les cyberopérations ne sont pas automatiquement qualifiées de telles. La France semble désormais lier les atteintes à la souveraineté aux atteintes à l’intégrité territoriale, reflétant une approche plus flexible qui évalue les cyberactions au cas par cas. Lire l’article complet ici.
Droit international humanitaire
Varun VM examine les défis juridiques liés à la définition de « létal » en relation avec les systèmes d’armes létaux autonomes (SALA). Il soutient que l’absence d’une définition juridique claire pour des termes tels que « létal », « non létal » et « moins létal » crée une ambiguïté dans le droit international humanitaire (DIH). Varun suggère que les discussions en cours au sein du Groupe d’experts gouvernementaux (GGE) sur les technologies émergentes pourraient aboutir à une définition équilibrée qui réponde à la fois aux préoccupations militaires et humanitaires. Lire l’article complet ici.
Marko Milanovic examine l’utilisation présumée par Israël de téléavertisseurs et de talkies-walkies explosifs pour cibler le Hezbollah au Liban, soulevant des inquiétudes quant au respect du DIH. Il soutient que les attaques étaient probablement indiscriminées, car elles n’ont peut-être pas fait de distinction entre les combattants du Hezbollah et les civils, violant ainsi le principe de distinction. Milanovic conclut que sans plus d’informations, il est probable que l’opération ait constitué une attaque illégale. Lire l’article complet ici.
Écoutez le nouvel épisode de EJIL : Le Podcast ! Épisode 28 : Occupation illégale, annexion et ségrégation : l’avis consultatif de la CIJ sur la Palestine ici.
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