En parcourant le web nous avons vu un article qui va vous intéresser. Sa thématique est « la justice ».
Son titre séduisant (« Anatomie d’une chute» : La justice est-elle juste ?) en dit long.
Le rédacteur (annoncé sous le nom d’anonymat
) est positivement connu pour plusieurs autres textes qu’il a publiés sur le web.
Les infos divulguées sont par conséquent jugées valables.
Voilà lle texte :
Le Centre national du cinéma et de l’image animée a-t-il rendu justice à Justine Triet ? Pas sûr, puisqu’il n’a pas choisi son dernier film, Anatomie d’une chute, récipiendaire de la Palme d’or à Cannes et doublement primé depuis aux Golden Globes, pour représenter la France dans la course à l’Oscar du meilleur film étranger.
Drôle de décision. Qu’à cela ne tienne, l’Académie des Oscars, toute seule comme une grande, a choisi de nommer Anatomie d’une chute dans cinq catégories (dont meilleur film, meilleure réalisation et meilleure actrice). Nous attendrons donc le 10 mars et la cérémonie hollywoodienne pour savoir si Justine Triet et Sandra Hüller (l’extraordinaire actrice principale du film) auront une nouvelle occasion de trinquer.
Sans chauvinisme, promis juré, c’est ce que je souhaite de tout cœur, d’autant plus que l’excellent Barbie n’est pas nommé dans les principales catégories de prix. Il faut donc que Triet prouve qu’elle est plus forte que Nolan (1). Ou, plutôt, que le jury en juge ainsi. Car à quoi tient la décision d’un jury ? De quelle justice son verdict est-il l’expression ? C’est là, précisément, une bonne partie du propos d’Anatomie d’une chute, qui fait tenir ensemble des sujets aussi graves que la rivalité dans le couple, le regard de l’enfance sur les drames de l’existence, la justice et le fonctionnement de l’appareil judiciaire.
Un film très réaliste
Parce qu’on ne peut pas s’empêcher de penser, à chaque fois que l’avocat général prend la parole dans le film, que ces deux réalités de la justice et de l’autorité judiciaire sont tragiquement distinctes. Pardon de ne pas en dire beaucoup plus ici – il s’agit du récit du procès d’assises d’une femme accusée du meurtre de son compagnon et père de leur fils unique –, mais j’ai horreur qu’on me raconte un film que je n’ai pas vu ; d’autant que celui-ci est plutôt magistral (montage, jeu des acteurs, musique, etc.). Quoi qu’il en soit, on peut savoir gré à la réalisatrice de nous donner l’occasion d’un coup d’œil sur le fonctionnement de la justice pénale dans un pays comme la France, depuis l’intérieur d’une salle d’audience. Et renseignements pris auprès de plusieurs praticiens de la justice pénale française depuis quinze ans, le film est TRÈS réaliste.
« La justice est sujette à dispute, note Pascal. La force est très reconnaissable et sans dispute. (…) Et ainsi ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste. » Ces mots si célèbres et si géniaux ne valent pas que pour le XVIIe siècle des lettres de cachet. Par parenthèses, il faut rappeler que Pascal ne s’oppose pas à cet état de fait : puisqu’il est impossible de se mettre tous d’accord sur ce qui est juste, car c’est toujours sujet à dispute, il est préférable de confier l’exercice de la justice à ce qui est « fort », car là, au moins, il y a consensus. Or en régime démocratique, par exemple dans la France du XXIe siècle, c’est la majorité qui est censée détenir la force. C’est à elle, donc, de dire ce qui est « juste ». Ainsi, par exemple, du vote de certaines lois qui font débat dans la société : elles sont adoptées par les représentants de la majorité, et sont en principe l’expression de ce qui est reconnu comme juste par le plus grand nombre.
En dehors du champ du législateur, qui édicte ce qui est censé être juste, il y a le pouvoir judiciaire, qui juge les personnes et considère leurs actes au prisme de la loi. Sauf que, comme le montre bien Justine Triet, quand il n’y a pas de preuves, et pour peu que la presse ait pris parti, en pointant par exemple un mobile supposé, la société réclame « justice », c’est-à-dire, bien souvent, vengeance. Si, dans un tel contexte, la parole d’un accusé ne semble plus avoir aucune valeur face au magistrat du parquet qui l’accuse, on n’est plus chez Pascal, mais chez Kafka.
(1) Christopher Nolan est le réalisateur d’Oppenheimer, fort de 13 nominations aux Oscars 2024.
Bibliographie :
Appel à la justice de l’État/Questions du baron Masères,A voir et à lire. .
La Vallée des belles rencontres, Tome 2 : Chez Harold,Le livre . Disponible dans toutes les bonnes librairies.
Procédure civile,Ouvrage .